Remember 1944, le blog de Claude Timmermans

Suite logique de l'article précédent, le programme des Meeting Days nous proposait une visite avec une petite cérémonie à l'Abbaye d'Ardenne.

L'abbaye d'Ardenne se situe exactement à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe petite commune située près de la ville de Caen, c'est une abbaye prémontrée fondée au XII ème siècle et occupée aujourd'hui par l'institut mémoires de l'édition contemporaine. 

Le 7 juin 1944, les commandants du 25ème régiment de la 12e Panzerdivision SS,  occupent l'abbaye et s'en servent comme point d'appui et ont pu observer l'arrivée de l'avant-garde canadienne de ses toits. Après une bataille d'une journée autour d'Authie et Buron, onze soldats canadiens furent capturés et assassinés dans le petit jardin extérieur qui est attenant à l’abbaye. Le lendemain 7 nouveaux soldats furent prisonniers et interrogés dans ce petit jardin. Après avoir serré la main de leurs camarades tous les soldats furent assassinés  soit  par balle ou par matraque. Deux autres soldats seront encore assassinés plus tard portant le total à 20 jeunes hommes.

Cet assassinat collectif était totalement à l'encontre des conventions de Genève concernant le droit des prisonniers de guerre . Certains d'entre-eux furent enterrés dans ce jardin mais ce n'est que quelques temps plus tard que les corps seront retrouvés par un membre de la famille Vico , j'y reviendrai plus tard .

Le 9 Juillet 1944 , les canadiens réussissent a prendre l'Abbaye d'Ardenne , Kurt Meyer qui dirigeait la Division allemande réussi à s’échapper et ne fut capturé qu'en septembre 1944 en Belgique par la résistance. Il sera transféré pour être jugé par un tribunal canadien et sera condamné à mort sa peine sera ensuite commuée en prison à vie, libéré en 1954 pour bonne conduite il retournera en Allemagne. L'abbaye fut classée en 1945 ce qui permit aux propriétaires d'engager les travaux de restauration grâce aux dédommagements financiers de guerre. 

Pour notre cérémonie à l'Abbaye d'Ardenne, dès notre arrivée une dame nous attendait dans le petit jardin, c'est Mme Vico , la veuve de l'un des fils. Après les présentations , Mme Vico prend la parole pour nous expliquer comment les corps de ces braves ont été retrouvés par les fils de la famille .

Rentrée en Août 1944 dans leur propriété qui fait face à l'Abbaye d'Ardenne la famille Vico ne se doute pas de ce qu'il y a dans le petit jardin qui jouxte l'Abbaye. En septembre 1944 lors de la visite d'un soldat canadien qui a réussi à s’échapper, ce dernier alerte la famille qu'il a vu des " cadavres ".

Début 1945 , épargné par les bombardements , les deux plus jeunes enfants remarquent que la terre au pied du marronnier a été remuée , ils creusent et découvrent un corps face contre terre , mutilé et une trace de balle dans la nuque. 

​​En mars 1945 , ma future belle-mère remarque que les perce-neiges qui entourent d'habitude la petite pelouse du petit parc poussent en désordre , elle demande à ses deux fils de fouiller ce dernier et ils y découvrent 5 nouveaux corps. C'est au cours du mois de mai 1945 que le plus âgé des trois fils qui est engagé dans la division Leclerc et qui revient en permission, souhaite que la découverte des corps ne soit pas un fait du hasard , il engage un radiesthésiste qui prospecte et qui retrouve les derniers corps .    

Pour terminer , c'est le témoignage d'un jeune déserteur de l'armée allemande qui était présent à l'abbaye le jour des faits , il expliquera tous les interrogatoires, tous ce qu'il a vu et entendu.

Nous terminerons la visite par une petite cérémonie durant laquelle  il y sera lu un texte en hommage aux soldats  suivi d'un dépôt de fleurs et l'hymne canadien y sera joué si j'ai bon souvenir, le tout sous le regard attristé de Johannes Börner.

En guise de conclusion à cet article , une photo qui illustre à merveille notre journée du 03 juin 2017 , Mr Johannes Börner réuni sur une même photo avec notre ami canadien Eric Giguère.

Pour votre information , il y aura une cérémonie toutes les années à l'Abbaye d'Ardenne .

Paix à leurs âmes

©Claude Timmermans