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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 17:34

Dans l'article précédent nous avions quitté Gilbert Stevenot à Verdun, nous le retrouvons à Conflans-Jarny.............

 

Gilbert, vous obtenez une nouvelle fonction racontez-nous svp ?

 

<<.............. je suis muté à Conflans-Jarny (Meurthe et Moselle), importante ville minière, située à une quarantaine de km Verdun, dans une immense gare de triage du Rail Way Transportation Office. Une véritable plaque tournante pour le trafic des trains transportant le ravaitaillement pour le front des Ardennes.

Si mes souvenirs sont bons à Conflans-Jarny il y avait plus de 54 voies de garage d'où un trafic intense de jour et de nuit. Notre bureau se trouvait, à mi-parcours des voies, dans un bureau-wagon bien aménagé et chauffé où je retrouvais le standard qui devenait un outil plus précieux encore et qui n'avait plus de secret pour moi, si ce n'est celui des messages a transmettre.

Nous ouvrions les valves ou porte-étiquettes des wagons et prenions note des indications qui étaient transmises via les fiches et clapets du standard. Nous étions trois pour ce service et la nuit, munis d'une lampe fixée sur le casque nous arpentions les longues rames à l'arrêt, alors que les autres rames gauches et droites étaient alternativement en circulation. Des MP faisaient des rondes pour la sécurité mais aussi pour les vols de nourriture. Pour l'anecdote j'en ai surpris un de nuit avec un sac d'oranges sur le dos......>>

 

Que se passait -il en cas d'alerte ?

 

<<...........En cas d'alerte pas de souterrain , il fallait traverser entre les wagons à l'arrêt ou escalader les échelles des rames qui roulaient au ralenti. les avions américains survolaient de nuit , la DCA faisait sont travail et la Luftwaffe était tenue à l'écart.

Nous étions tout de même un rien paniqués avec tout ce trafic de munitions et d'essence.

C'était rien où l'enfer........Tout se passait bien finalement, et on entendait la nuit les interminables convois de camions et tanks qui passait dans la ville en direction de Metz-Luxembourg-Metz............>>

 

Vous aviez du temps libre ?

 

<<...........Hors service nous allions au bar ou nous rentrions à l'hôtel et discutions de l'avancée des troupes. Parfois nous allions au cinéma Rex qui me rappelait Degrelle, pour voir les actualités ou un bon film........>>

 

Début décembre après un petit retour à Verdun, c'est le retour en Gaume  ?

 

<<..........En effet début décembre je rentre à Verdun et je gère un autre hôtel le Vauban, mess de transit pour officiers .

 

 

Sans-titre.png

 photo le l'hôtel "le Vauban"  (c) Vacanceo.com 

 

Je retournais souvent au Coq Hardi voir les propriétaires mr et mde Connet.Le Vauban n'était pas loin de la gare et j'aimais visiter l'importante boulangerie de l'armée française pour respirer le goût de ce bon pain blanc américain.

 

coq-hardi.png 

 Le Coq Hardi à notre époque.............

 

 

Vers le 16 décembre je reviens avec deux officiers de liaison, le Capitaine Fowler, le Lt Sanders et le Sergent Hart notre chauffeur dans ma Gaume, mon terroir, où je n'avais nullement besoin de carte Michelin. Il faisait très froid et le brouillard était dense.Nous patrouillions dans le région et entendions les tirs de la bataille des Ardennes.

Le soir le ciel était rougeoyant tant les tirs étaient intenses,de ce fait nous étions en permanence en liaison avec notre HQ, Eagle Rear du 12th Army Group avec notre jeep-radio...........>>

 

Gilbert vous avez assisté plus grand mouvement des troupes américaines jamais entrepris?

 

<<......En effet sur toutes les routes du Sud-Luxembourg, c'était le trafic intense de toutes les divisions venant de France ou d'Allemagne qui gagnaient la Bataille des Ardennes. Alors que nous étions dans la région de Neufchâteau, Hampiré et Léglise, distants de 10 km de mon village, c'était la 4eme Division Blindée de Patton qui menait la marche.

 

 

4th_Armored_Division_patch.jpgPatton.jpg

 Patton

 

J étais loin de savoir que c'était la 8eme bataillon du Colonel Yrzyk qui mena de front, depuis la France, le plus grand mouvement des troupes américaines jamais entrepris.

J'allais le rencontrer plus tard ce grand leader......Toutes les divisions qui allaient porter secours à la Nuts City assiégée étaient dans ma Gaume natale.

Etant dans ma région j'en profite pour faire une halte discrète dans la famille, j'étais encore pour beaucoup le collabo.....fort justement cela sera bien compris plus tard.

Je fais la connaissance du Capitaine Robert L. Lybarger, SN 01011462, qui faisait partie de la 9th Division blindée et qui le 17 décembre se trouvait sous les ordres du Général Cota de la 28th Div Inf qui avait libéré mon village.Véritable coïncidence avec cet officier de liaison, Bob était parti de Clervaux avec sa compagnie de 17 tanks en direction de Bastogne et sa compagnie avait été reduite à rien au cours des rudes combats menés et qui se retrouvait, enfin, quelques jours plus tard avec la 9th DB qui était au repos à Etalle. On s'est connu pendant un dizaine de jours, on a enchangé nos adresses APO et je le retrouvais en mai 1945 en armée d'occupation à Wiesbaden, où il me rendait visite au Billeting Office. Il allait repartir aux States.

Le 14 mars 1946 je reçois une lettre de l'école des blindés de Fort Knox Kentucky où il était instructeur me relatant qu'il allait partir pour le Pacifique , ce fût la fin de notre histoire, ma derniere lettre étant restée sans suite.

J'ai beaucoup d'années plus tard retrouvé son récit dans le livre "A time for Trumpets" de Charles B. Mc Donald que m'avait offert Mr Bogges en octobre 1988 lors de ma visite à Austin au Texas.Si je ne m'egare pas, Charles P. Bogges était le premier tankiste à entrer dans Bastogne le 26 décembre 1944..........>>

 

Gilbert le 23 décembre 1944 , c'est  une date tres importante à plus d'un titre ?

 

<<............Oui, le 23 décembre un bulletin météo favorable permet aux Américains de reprendre l'initiative, ravitailler Bastogne et bombarder les arrières de l'ennemi, une date qui plus tard sera retenue comme un grand tournant de la bataille des Ardennes.Quant à moi j'allais connaitre le nom du météo qui avait prédit le beau temps, mais pour cela il m'a fallu attendre 52 ans. Et pourtant le Lt Loyd W. Vanderman, promu capitaine était mon grand ami, qui logeait dans le même hôtel que moi à Wiesbaden, c'était un homme très modeste qui était le méteo au QG de l' US Air Force à la base de Wiesbaden. Il fréquentait une fille de Habay-la-Neuve.

 

Photo_Papy_-_4_Vanderman-copie-1.jpg

  Loyd W Vanderman

 

GetAttachmentVanderman Lloyd

  Photo de LOYD et 2 collègues dans le Q.G. de REIMS , le 23 décembre 1944 . (c) Gilbert Stevenot

 

 

Dans cet hôtel il y avait aussi Freddy harf, juif originaire du Luxembourg et qui s' était réfugié en Amérique avec ses parents avant 1940. Devenu américain il était aussi dans la bataille des Ardennes et me racontait qu'il avait logé au château de Villemont à Tintigny-sur-Semois.

Un autre ami de marque la major Ashbel logeait dans ce même hôtel , juge au procès de Nuremberg et qui m'avait invité à deux séances du procès.

J'anticipe un peu ici, mais je mesure toute l'importance de ces heureuses coïncidences liées à un parcours exceptionnel. j'y reviendrai sur ces incroyables rencontres.......Ses amis en devenir étaient dans la grande bataille des Ardennes.

On s'évade parfois dans les récits..........>>

 

 

Merci Gilbert..............à suivre Retour à Verdun.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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