L'histoire qui va suivre à été receuillie le 7 juin 1997 à St-Mère-eglise
<< Un peu après minuit, ce 6 juin 1944, je sautais d’un avion C47, sur la Normandie, avec la 82nd Division Aéroportée. Je faisais partie de la Compagnie A du 505th,et notre objectif était le pont de LA FIERE.
je me suis posé +- à 25 pieds d' une route. je me suis dirigé directement vers le pont de La Fiére .
Notre compagnie devait tenir jusqu’à l’arrivée des soldats qui devaient débarquer un peu plus tard le 6 juin.
Mais en fait ce ne fut que trois jours plus tard qu’ils réalisèrent la jonction.
Lorsque vous vous trouvez au pont de LA FIERE en direction de St-Mère-Eglise, le manoir se trouve à droite (c’était nos quartiers). Les Allemands qui occupaient le château venaient d’en être délogés par notre compagnie après de rudes combats.
(c) Stepahne Deloglu.
Je faisais partie de l’équipe antichar en compagnie de Lenord
PETERSON, John BOLDERSON et Gordon PRYNE.
PETERSON et moi nous tenions à proximité du manoir, du côté gauche en direction de CAUQUIGNY, en contrebas de la route. Il y avait un poteau téléphonique juste devant nous
Nous savions que lorsque les Allemands engageraient leur contre attaque avec leurs chars, nous devrions quitter notre emplacement et choisir une position d’où nous aurions une
meilleure vue des blindés. BOLDERSON et PRYNE étaient sur le côté droit de la route, légèrement en contrebas du chemin.
Je ne me souviens plus exactement combien d’autres parachutistes se trouvaient autour de nous. Tout ce que
je vis, était une mitrailleuse installée à l’intérieur du manoir. Du côté droit, en arrière du chemin, quelques fantassins étaient postés. Il y avait également un canon de 57 mm au-dessus
de la route, dans notre dos, avec une autre mitrailleuse. Nous avons ramenés de notre Drop-Zone des mines antichars et des roquettes de bazooka. Nous avons de suite placé les mines en
travers de la route, à 50 ou 60 yards de notre position.
Toute la journée, les Allemands bombardèrent notre position et la rumeur courait qu’ils allaient lancer une contre-attaque. C’est ce qu’ils firent vers 17h00 .
Trois chars se présentent face à nous. Le tank de tête s’arrête, le chef d’engin sort la tête de la
tourelle pour regarder aux alentours .
La mitrailleuse à notre gauche laisse entendre un crépitement et abat le chef du char. Au même moment, les bazookas, le canon de 57 et tout ce qui était en état de faire feu prit les Allemands à
partie. L’ennemi riposte , Lenord PETERSON et moi-même quittons notre position .
Nous sortons de notre trou et prenons position devant le poteau téléphonique.
Le premier tank est touché,la tourelle s’orienta vers nous
et nous sommes pris à partie. PERTERSON et moi avons juste le temps de nous éloigner du poteau lorsqu’un tir Allemand le détruit. J’espère alors que BOLDERSON et PRYNE puissent eux
aussi faire feu sur les blindés.
Nous continuons à tirer sur le premier char jusqu’à ce qu’il soit totalement neutralisé. Le second blindé qui le suit le pousse hors de la route.. Nous ouvrons le feu sur ce tank qui est
touché . Mais, PETERSON et moi-même ,sommes à cours de munitions lorsque le troisième char se présente déjà face à nous. Mon équipier me demande de retourner en arrière de la route afin de
voir si BOLDERSON n'a pas des roquettes supplémentaires.
Je me précipite donc de l’autre côté de la route, sous un feu nourri . Je ne trouve alors qu’un
soldat mort sur l’emplacement : BOLDERSON et PRYNE ont disparu. Leur bazooka est abandonné dans l’herbe. Je suppose donc que l’un d’eux et peut-être même les deux à la fois ont été blessés.
Je parviens toutefois à trouver quelques roquettes abandonnées par mes camarades, et entreprends de retourner sur ma position. Les Allemands continuent à nous arroser de projectiles de tous
calibres, mais ce jour-là la chance était avec moi ; c’est sans la moindre égratignure que je parvins à rejoindre notre emplacement. Avec nos roquettes supplémentaires, PERTERSON et moi pouvons
maintenant neutraliser le dernier char. Une fois le tank détruit, les Allemands battent en retraite vers CAUQUIGNY, mais continuent de nous harceler la nuit entière. Ils tenteront également, mais
sans plus de succès, deux nouvelles contre attaques.
Lorsque l’ennemi se retire enfin, PETERSON et moi sommes toujours sur notre position, à côté du pont de LA
FIERE.Le combat terminé, il n'y a plus personne. Nous sommes persuadés d’être les seuls survivants et qu’il vaut mieux désormais abandonner la position.
Lorsqu’un groupe nous rejoint et nous demande de continuer à tenir le point , plusieurs autres hommes viennent nous renforcer. Nous devons rester sur notre position jusqu’à l’arrivée des
soldats qui viennent de débarquer . Nous apprendrons quelques temps plus tard que peu d’entre nous avaient survécu. La plupart des soldats de l’unité étaient morts ou portés
disparus.
Seul le Bon Dieu sait pourquoi nous en sommes sortis indemnes, ce jour là. Voici ce dont je me souviens de
ce 6 juin 1944 >>
Marcus Heim
Sainte Mère Eglise, 07 juin 1997.
Marcus Heim est à l'extrème droite sur cette photo , à gauche avec la canne ,le Colonel Vandervoort
photo US ARMY
Je remercie chaleuresement , Mr Stephane Deloglu pour son aimable collaboration.
http://pagesperso-orange.fr/stephane.delogu/programme.html