Remember 1944, le blog de Claude Timmermans

Dans l'article précédent, nous avions quitté Ralph qui n'avait aucune idée de la cause de sa blessure.

Ralph, tu étais toujours sur le pont au moment de ta blessure, y avait il des Medic avec vous ?

<<.......Nous avions avec nous deux gars qui étaient Medic, et ils avaient beaucoup de courage. Tu dois avoir énormément de courage pour faire ce job et être très bien entrainé. Si cela ne tenait qu'a moi je donnerai à ces deux gars, deux gars hors du commun, une Médaille du Congrès ( Medal of Honor ) pour ce qu'ils ont fait. ils sont allés à des endroits où nous ne serions jamais allés. Sérieusement, le soldat d'infanterie moyen n'aurait jamais tenté d'aller aux endroits ou ils sont allés.....>>.

Ralph, tu as un exemple ?

<<......Eh bien nous étions dans les bois un jour et .....>>.

Ralph, en Hollande ?

<<......Non, c'était en Normandie. Nous étions en patrouille et par hasard nous sommes tombés sur une compagnie ou un bataillon. Nous commencions juste à traverser le bois sur une centaine de mètres, que l'artillerie a ouvert le feu et toutes les armes légères ont tiré!!! Nous savions que nous étions en infériorité numérique pour les battre tous. Alors nous nous sommes repliés, et nous avons perdu quelques gars, 3 gars dans le bois, nous sommes revenus de l'autre côté du bois et c'est a ce moment que Shady un des médics est arrivé en courant , il a demandé ce qu'il se passait et je lui ai répondu qu'il y avait des gars dans le bois. Je l'ai mis en garde du danger qu'il prenait et lui ai  demandé d'attendre que les tirs ennemis se calment, n'écoutant que son courage et au mépris de sa propre vie il est parti aussitôt vers ce bois maudit. J'ai vraiment admiré Shady pour son courage....>>.

Ralph, a-t-il réussi à retrouver les gars ?

<<.....Oui, Shady avec l' aide de Zeke Zuchaler qui était aussi Medic ont retrouvé les gars. Le bois n'était pas très grand, ils savaient d' où nous étions sortis. Cela à duré plusieurs heures, les premières heures étaient très difficiles, puis petit à petit les bombardements ne se faisaient plus que par intermittence. ils devaient quand même faire très attention, les allemands visaient le haut des arbres pour que les branches retombent sur le sol, cette manière de faire s'appelait les " éclats d'arbres " et c'était dangereux. J'ai le souvenir que cette technique en plus de tuer des hommes, tuait aussi beaucoup de vaches....>>.

Ralph, revenons sur le parachutage en Hollande qui a dû être difficile ?

<<......Difficile oui, mais moins que le parachutage en Normandie. la différence avec la Normandie c'est que nous avons eu l'opportunité de nous regrouper et de nous réorganiser immédiatement. Moins de 45 minutes après le parachutage nous étions tous ensemble.....>>.

Ralph, en Hollande vous avez essayé de vous faire un chemin vers le pont pour en prendre le contrôle ?

<<......Oui, juste le temps de se réorganiser et se mettre en place. Nous avions tout prévu, notre mission était de prendre Berg en Dal, ce que nous avons fait. Et les étapes l'une après l'autre avaient été planifiées pour nous. Maintenant l'autoroute principale qui partait de Nimègue au Sud était la zone de saut de la 101th qui elle se dirigea ensuite vers le Nord....>>.

Ralph, la 101th n'a pas sauté sur Eindhoven ?

<<....Euhhhh, ils devaient prendre la route vers le nord, les Britanniques ont sauté à 12 ou 14 miles au Nord d' Arnhem........ J'essaie de retrouver ce que j'allais te dire......>>.

Ralph, c'était juste de la curiosité de ma part, et je ne sais pas si c'était réellement une description précise de ce que a quoi ça ressemblait, les patrouilles que tu faisais ou le contact avec les Allemands, s'il s'agissait de combats fréquents ou....?

<<......Eh bien, il s'agissait de combats continus la plupart du temps. Nous devions faire très attention, les Allemands se trouvaient n'importe où, comme en Normandie. Ils étaient dans une maison ou un grand bâtiment, partout ils étaient vraiment partout. Nous n'avons pas vraiment eu de lourds combats avant le 3eme jour en Hollande. Nous étions plutôt bien organisés, nous savions où nous étions et nous savions où nous allions. A partir de moment où nous avons commencé notre route à travers les villes, c'est devenu plus difficile. En fait nous y sommes restés un long moment, si j'ai bon souvenir une soixantaine de jours. Ca a été notre plus longue période de combats en sachant que chaque jour il y avait un combat...>>>.

Ralph, où es tu allé après ta blessure? tu as été renvoyé en France ?

<<......Eh bien, ils m'ont renvoyé en France, je suis retourné à Paris pour rejoindre l'aéroport, j'ai embarqué dans un avion et direction l' Angleterre. Je suis retourné dans le même hôpital que lors de ma première blessure. L'hôpital se trouvait environs à 100km au Sud ou à l'Ouest de Londres je ne me souviens plus du nom, j'y reviendrai tout à l'heure si le nom me revient. Alors que je revenais cet endroit, une infirmière à dit " Vous êtes de retour ? Pourquoi ne rentrez vous pas chez vous ? " Le docteur qui était Major m'a dit " Je ne peux pas croire que vous soyez de retour ici, dites moi ce qu'il s'est passé " . Je lui ai raconté notre avancement, à travers quoi nous étions passés .....>>.

Ralph, où as tu été touché ?

<<........Eh bien , la première fois, j'ai été touché au visage, et après j'ai été touché au genou, je me suis blessé au dos, mais j'étais debout pour les Ardennes. Dans les Ardennes , j'ai eu les pieds gelés , je me suis fait toucher dans les fesses. Les fesses ce n'était pas trop douloureux, mais les pieds par contre c'était pire que tout....>>.

Ralph, comment et à cause de quoi as tu eu les pieds gelés ? 

<<......J'ai le souvenir que nous sommes sortis des collines en direction de la vallée de La Lienne ( Ralph n'est pas certain du nom)  et nous avons traversé une rivière, j'étais le dernier homme à traverser. L'eau était presque au niveau de mes genoux , il faisait vraiment très froid et mes pieds ont gelé. J'ai vécu un enfer .....>>.

Ralph, combien de temps es tu resté à l'hôpital ?

<<....J'y suis resté 3 semaines je pense. Je suis retourné à Nottingham et alors que j'y étais, ils étaient tous entrain de se préparer à un nouveau saut. Alors j'ai du me remettre en bonne forme physique et j'ai travaillé d'arrache-pied pour terminer l'entrainement. Petit retour en arrière pour justifier l'entrainement à Nottingham, quand j'étais à Sissone en France ( voir article 8), il y avait une rumeur qui circulait que quelque chose se préparait, mais nous ne savions pas de quoi il s'agissait. Nous pensions que ca allait être un nouveau saut quelque part....>>.

Ralph, vient alors la contre-offensive Allemande ?

<<....Oui, Jerry ( surnom donnés par les Anglais pour qualifier péjorativement les Allemands ) nous a surpris avec son attaque surprise dans les Ardennes. Mais je n'étais pas en très bonne forme à ce moment-là, j'étais jeune, j'avais beaucoup d'énergie et surtout besoin de beaucoup d'entrainement physique. Nous avons donc fait de la callisthénie ( gymnastique suédoise utilisant uniquement le poids du corps ), essayant de nous mettre en condition pour retourner à la bataille. je suis content que nous l'ayons fait, c'est devenu féroce au bout d'un moment. Il était prévu que la 101eme aille à St Vith, la 82nd devait aller à Bastogne, comme on nous l'avait dit. Quelque part sur la route ils ont changé d'avis, maintenant nous allions à St Vith et eux allaient à Bastogne. Nous ne savions pas ce qui allait se passer à ce moment-là. Nous sommes passé au travers, je ne suis pas totalement certain mais je pense que c'était à Metz près du Luxembourg que nous sommes allés dans des camions, il n'y a pas eu de saut de notre part dans les Ardennes. J'ai encore le souvenir qu'il faisait très froid dans les camions, vraiment très très froid. Après la traversée de Metz, nous avons traversé une autre ville au nord de Metz et alors que nous traversions l'autre ville, nous avons parlé avec quelques civils, un de nos gars parlait le français. Les civils avaient vu des Allemands qui venaient de passer juste avant nous mais dans l'autre sens sur une autre route.....>>

A suivre

© Claude Timmermans