Remember 1944, le blog de Claude Timmermans

Lors du précèdent article nous avions quitté Ralph au moment où il atterrissait dans un verger dans lequel il y avait des haies.

Ralph quelqu'un vous avait  parlé des haies ?

<<.....Non, et nous avions un sérieux problème avec les haies, il faut trouver un chemin pour les contourner, parce qu'il était impossible de passer au travers, elles étaient trop épaisses , les racines trop grosses et très rapprochées les unes des autres. Certaines d'entres elles faisaient 6m de haut. Elles séparaient les champs à la place des clôtures. La plupart des unités ont eu des problèmes avec les haies. Quelques gars ont eu la brillante idée de, et ça a été développé par la suite, de mettre sur l'avant d'un char des sortes de lames de déneigement, cela permettait d'ouvrir des brèches dans les haies. Ca marchait vraiment bien mais c'est apparu trop tard.....>>.

Ralph, parle moi des premiers instants après l'atterrissage ?

<<.....plus ou moins deux heures après mon atterrissage, je me suis retrouvé avec 2 gars très rapidement nous avons retrouvé 4 ou 5 gars de plus dans la demi-heure qui a suivi et ainsi de suite. Nous avons traversé le champ tout en essayant de rester dans l'ombre des arbres à cause de la lumière de la lune. Nous avons alors décidé de traverser le champ, alors que nous traversions ce champ j'ai entendu un sifflement. Quand quelque chose est incertain, comme à l'entrainement on se jette au sol, tout le monde s'est jeté au sol pratiquement en même temps. A ce moment un planeur passa au dessus de nos têtes et allait se poser dans le champ, à mon avis c'était lui la cible des tirs ennemis. Bien entendu il ne pouvait pas nous voir, il ne pouvait rien voir de toute façon, le planeur a dérapé sur plus ou moins 100m jusqu'à son arrêt complet .En réalité il avait foncé dans les haies en arrachant une partie et certaines d'entres elles recouvraient l'avant du planeur. Nous Y sommes allés et avons essayés de sortir le pilote du planeur qui au moment de l'impact était seul , nous avons réussi a le sortir de là. Et je jure que c'est vrai, le pilote avait un chapeau mou et une paire de chaussures de tennis et j'ai dit  << bon sang, où penses tu que tu allais ? >>  il m'a répondu << bon sang, j'imaginais que je sortirais d'ici et qu'ils me rapatrieraient ! >> mais peu importe nous lui avons fourni des bottes, un casque et une arme. Il est resté quelques jours avec nous.

Ralph, j'ai lu des infos de la part d'autres parachutistes, pas tellement pour se plaindre, uniquement le fait que, le paquetage était très lourd ?.

<<....Plus ou moins 45 kg. A partir du moment où tu as accroché tes armes, ton sac, ton parachute de secours, ton parachute dorsal, ton couteau et autant de munitions que l'on pouvait prendre. En ce qui me concerne comme j'étais simple soldat je portais un Fusil M1...>>.

Ralph comment as-tu sauté avec ce gros fusil ?

<<.... Il se sangle sur le dos et pend devant vous, il y avait différentes façons de le porter, mais nous, nous n'avons jamais eu de housse de saut on l'attachait du mieux que nous pouvions. De toute façon il valait mieux sauter avec une arme non démontée pour être prêt de suite à répliquer aux tirs ennemis. Claude voici une photo de Saltby Air Force Base, plus précisément d' un gars qui vérifie son paquetage avant le décollage vers la Normandie  >>.

Ralph, sur les photos que j'ai trouvé ( pas libre de droit ) on voit que les gars ont leur visage noirci ?

<<.....Tout était noirci , nous étions prêts. j'ai le souvenir que nous avions eu un sacré repas ce soir-là. Tu pouvais manger ce que tu voulais mais la plupart des gars ne pouvais pas manger, ils étaient trop nerveux. Nous avions tous une peur bleue. Au départ beaucoup jouaient les durs, ils disaient << je pense que c'est beaucoup de fausse bravade >>mais en réalité ils étaient comme la plupart d'entre nous ....Terrifiés, tout le monde l'était...>>.

Ralph, toi et les autres gars deviez emporter autant d'équipement que possible, parce que vous n'alliez pas être approvisionnés ?

<<....Et bien, premièrement nous étions approvisionnés par largage de containers, 6 containers placés et sanglés sous l'avion, malheureusement beaucoup furent perdus. Ce qu'il ne savaient pas, ou ce qu'ils savaient probablement mais qu'ils n'ont pas voulu nous dire, c'est que sur le Merderet et la rivière Douve les barrages avaient été détruits, l'eau s'était répandue dans l'arrière pays pour nous donner moins de zones où nous pourrions sauter. beaucoup de gars qui ont sauté se sont noyés, n'ayant pas réussi à se détacher de leur parachute. beaucoup de containers ont atterri dans ces zones inondées. Je suis certain que sur les photos qu'ils avaient on voyait cette eau, ils non juste rien dit à ce sujet. Sauter hors zone et vous avez un problème, en fait j'ai trouvé mon cousin pendu à un arbre, il n'est jamais sorti de son parachute. C'était à mon avis vers 3h00 du matin, il faisait partie du 508 comme moi. Nous l'avons descendu en coupant son parachute, mais nous ne pouvions pas le transporter avec nous, le service des tués le récupèrerait...>>.

Ralph a t-il été tué par balle ?

<<.....Oui, il n'a pas réussi a se détacher de son parachute. Plus tard ils étaient équipés avec un nouveau style de harnais, le dégrafage rapide britannique, quand vous appuyez sur le bouton , le harnais se détache simplement...>>.

A suivre .....

©Claude Timmermans