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7 août 2015 5 07 /08 /août /2015 14:27

Nous avions quitté Ralph au moment des combats de rue et du nettoyage des maisons, voyons maintenant ses sentiments à l'égard des Allemands .

Ralph, parles nous un peu des Allemands ?

<<......Eh bien, les soldats allemands de la péninsule de Cherbourg étaient juste  pour une grosse moitié des enfants, autant que je me souvienne, nous sommes tombés sur 3 différentes phases de soldats. l'une était simplement ce genre de troupe de plage et ils n'étaient pas les meilleurs du monde. Ensuite vous avez les groupes de Panzer avec leurs formations de chars tu comprends, et ces gars étaient des durs. c'était des combattants, ils étaient meilleurs.....>>.

Ralph, les Panzer grenadiers?

<<......Oui, et il y avait aussi les SS et eux c'étaient des très bon combattants, nous sommes tombés sur les trois. mais pour en revenir aux troupes des plages, ils n'étaient vraiment pas bon , vraiment pas ....>>.

Ralph as-tu rencontré des parachutistes allemand ?

<<.....En Normandie non. Nous les avons rencontrés en Hollande et pendant la Bataille des Ardennes mais ils étaient déguisés en américains dans les Ardennes et beaucoup de choses se sont passées. Mais en rencontrer un, non. Je sais qu'ils étaient là, mais personnellement je n'ai pas vu ces gars....>>.

Ralph, revenons un peu en arrière, penses tu que vous étiez bien équipés ?

<<.....Je pense que oui, nous avions tout ce que nous étions capables de porter et tenir en main. La seule chose a laquelle je me suis opposé , était un objet qu'ils ont développé et appelé la lumière blanche pour les armes. Vous savez, une lunette qui vous permet de voir la nuit, ils en avaient déjà avant la Normandie. A y réfléchir j'aurais dû prendre une lunette, à 75 yards ( 68 m ) vous pouvez toucher un homme dans le noir. Mais nous étions quand même bien équipés. la seule chose contre laquelle nous ne pouvions rien c'était un 88mm, c'était une arme terrible il a envoyé tous nos chars en enfer.....>>.

 

 

 

Photo de gauche Flak 8,8 cm en cours de mise en place, les deux bogies étant déjà détachés . Photo de droite 88 avec équipage, France, 1944Photo de gauche Flak 8,8 cm en cours de mise en place, les deux bogies étant déjà détachés . Photo de droite 88 avec équipage, France, 1944

Photo de gauche Flak 8,8 cm en cours de mise en place, les deux bogies étant déjà détachés . Photo de droite 88 avec équipage, France, 1944

Ralph, y avait il une arme qui vous effrayait encore plus ?

<<......Celle qui me faisait le plus peur ? Eh bien vous prenez un 88mm, vous l'utilisez comme un fusil, il peut traverser un champ de plus de 500 yards ( 450 M ) et il peut vous viser, ils étaient très bien conçus. Oui je craignais cette arme et tout le monde en avaient peur. En fait la nuit du largage du D-Day après que nous nous sommes rassemblés avec Shanley, nous sommes passés par un bon nombre de procédures de marche pour arriver à la colline 30. Je me souviens en haut de cette colline nous étions debout, c'était la nuit et nous essayions de tenir sans vraiment savoir ce qui se passait, nous nous sommes arrêtés et assis quelques heures. Nous étions à peine assis que nous avons entendu ce shhhwwwhump pas très loin de nous, c'était un 88mm. A ce même moment un obus a atterri pas très loin de nous, mais heureusement il n'a pas explosé, il a rebondi sur le sol et c'est immobilisé à 20 pieds de moi ( 6 m ) et j'ai dit " eh bien " . C'était la nuit, la nuit du D-Day c'était le jour où nous sommes arrivés à la colline 30. Donc le matin suivant nous étions à la colline 30...>>.

 

Petite partie de la colline 30 située dans le village du Caponnet . © Claude TimmermansPetite partie de la colline 30 située dans le village du Caponnet . © Claude TimmermansPetite partie de la colline 30 située dans le village du Caponnet . © Claude Timmermans

Petite partie de la colline 30 située dans le village du Caponnet . © Claude Timmermans

Ralph, quel était l'importance de la colline 30 ? Etait-ce simplement une colline ?

<<....Une position haute, qui contrôlait clairement le territoire. Une position haute fait la différence, il est préférable de tirer sur quelqu'un du haut vers le bas. Si je me souviens bien, c'était à la sortie de Chef Du Pont et c'est de là que nous sommes rentrés à Beuzeville la Bastille .

Image d'illustration. 810th Engineering Aviation Brigade  construisant un terrain d'atterrissage avancé  à Beuzeville. Photo Wikipedia

Image d'illustration. 810th Engineering Aviation Brigade construisant un terrain d'atterrissage avancé à Beuzeville. Photo Wikipedia

Ralph, tu as mentionné un peu plutôt dans l'interview que la 82nd Airborne étaient une unité d'élite et qu'il y avait un véritable esprit de corps. Peux tu m'en dire un peu plus ?

<<.....Ca n'a jamais cessé de me faire sourire, depuis que nous étions en service, nous étions fiers. J'étais fier d'être américain, fier d'être un soldat et fier d'être un parachutiste. Mais dès que la guerre a été finie, j'étais encore plus fier car j'ai connu tous ces super gars. J'étais vraiment fier, malheureusement mon meilleur ami a été tué. Mais bref....après que la guerre un californien a crée une association du 508th, il a essayé de retrouver les gars, c'était en 1971 ou 1972. quand il trouvait un gars, ce gars connaissait un gars qui connaissait un gars et tous ensemble nous avons essayé de nous retrouver une première fois. En 1974 nous avons eu une seconde réunion, si mes souvenirs sont corrects la première réunion a eu lieu à Chicago en 1973 mais je n'y étais pas. J'ai participé à la réunion de 1974, je suis allé au camp Mc Call en Caroline du Nord, non non je me trompe c'était à Fayeteville. A cette époque nous avions repris contact avec 400 gars au départ, puis se sont ajoutés les gars qui n'étaient pas présents au début mais qui ont rejoint le 508th par après, nous nous sommes retrouvés à 1100, 1200, pour culminer à 1400 gars. Quand nous avions des conventions du 508th , il y avait plus de gars présents que lors des conventions de la 82nd Airborne. Moi je n'y attachais pas d'importance , que tu sois du 508th ou autre c'était une vraie fraternité. J'ai une liste de ces gars et si j'ai un problème dans une ville quelconque, une panne ou quelque chose d'autre, j'appelle un de ces gars et ils diront " Je serai là mon pote". Sérieusement c'est une vraie camaraderie.....>>.

Ralph vous deviez compter sur eux, et vous pouvez toujours compter sur eux ?

Ralph va enchainer de suite sur un autre sujet, il a beaucoup de choses à dire qui à mon avis sont plus importantes pour lui

<<.....Nous avions eu un essai, un faux départ, je ne me souviens plus du nom de la ville où nous étions supposés aller, mais nous sommes arrivés à l'aire de décollage et ce fut annulé, retour à la base. c'était au début du mois de septembre, peut-être le 4 ou 5 septembre. Un peu plus tard nous avons fait le saut sur la Hollande, c'était le 17 septembre et nous étions à la base aérienne quelque chose comme 2 ,3 ou 4 jours en avance. Nous sommes encore allés à Salty, c'était probablement la plus belle chose que j'au vu de ma vie, la route des avions, le premier avion arrivait sur la zone de largage, que le dernier n'avait pas encore quitté l'Angleterre....Incroyable. Nous étions debout sur le sol et les avions n'arrêtaient pas d'arriver, on aurait dit qu'ils allaient venir encore et encore et pour toujours....>>.

Ralph, c'était le plus grand largage de troupe aéroportée de l'histoire ?

<<.....Oui ça l'était. Ensuite les planeurs sont arrivés, c'était mieux pour eux, les champs pour atterrir étaient plus ouverts, plus dégagés, ce n'était pas comme en Normandie. En Normandie les champs étaient plus petits, beaucoup d'entre eux se sont crashés et les gars n'avaient pas la moindre chance de survivre. A y réfléchir, les planeurs n'étaient pas un bon choix pour la Normandie, mais vous savez quand vous êtes un général ! tout au long de ma vie j'ai essayé de me mettre à leur place. Je pense qu'ils savaient que nous aurions des problèmes, cela a fonctionné plutôt bien pendant 3 ou 4 jours, mais la décision d'utiliser les planeurs était prise et cette décision devait être difficile pour lui. Toute ma vie je me suis mis a sa place, qu'aurais je fait si j'avais du prendre cette décision. Lui l'a fait en sachant que des vies allaient être sacrifiées, mais il fallait des résultats et quand nos troupes sont sorties de là, il manquait la moitié des gars. C'était dû certainement aux captures, aux blèssés et aux tués. les chiffres pour la Normandie sont :tués au combat 30, morts par blessures au combat 26, morts par blessures hors combat 3, blessés au combat 48, blessés hors combat 173, disparus 165, un total pour la campagne 1161 pour le régiment sur un total de 2046 gars il me semble.......>>.

A suivre.....

© Claude Timmermans 

 

 

  

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