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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 13:53

 J'ai l'immense honneur via mon blog de vous retracer la vie militaire de Monsieur Gilbert Stevenot dit Steve qui fut officier-interprète au quartier général du 12th Army Group du Général Omar N. Bradley  et qui a accepté de me confier ses souvenirs.  

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Steve parlez-nous de votre enfance ?

 

<< .........Je suis né le 1 avril 1923 à Tintigny-sur-Semois à mi-chemin de la route qui relie Arlon à Florenville Bouillon Sedan , route "royale" que les allemands ont empruntée à plusieurs reprises.

Je suis l'enfant d'une famille aisée j'ai deux frères et une soeur .

Les trois frères sont placés en internat à l'Athénée Royal de Virton , l'aîné quitte le collège en 1938 et ira poursuivre ses études à l'université de Liège ou il deviendra pharmacien en 1942.

Moi je termine mes études humanitaires gréco-latine en 1941 avec une bonne connaissance des langues germaniques , ce qui va orienter ma carriere...........>> .

 

Steve, le 10 mai 1940 c'est l'invasion allemande , racontez nous cette periode ?

 

<<...............Le 10 mai nous apprenons par la radio que les Allemands ont envahi la Belgique et ce jour vers 5 h du matin  un cousin, marchand de bestiaux, nous demande de conduire deux vaches à Chantemelle petit village distant d'une quinzaine de kms . Personne sur le chemin , si ce n'est le passage d'un side-car avec à son bord deux chasseurs ardennais qui nous croise. Nous trouvons sur notre chemin un fusil-mitrailleur sur le bord de la route légèrement dissimulé dans les herbes .

Mon cousin ,nous rejoins à la sortie du village de Chantenelle, où le cultivateur venait prendre livraison du bétail.

Sur le chemin du retour, je signale à mon cousin qu'une arme se trouvait sur le bas côté de la route.Nous roulions doucement et retrouvions facilement l'arme lourde que cherchaient activement les deux chasseurs ardennais.

Nous la plaçons sur le siège arrière de la voiture et continuons notre chemin en espérant que nous allions peut être rencontrer les soldats

Nous avions à peine parcouru quelques kilomètres et nous voyons enfin le side-car qui se dirigeait dans notre direction, nous leurs avons fait signe. Ils ont vite compris, que nous étions en possession de l'arme perdue et ils étaient tout heureux de la récupérer.

Nous ne demanderons par leurs noms et pourtant, cela aurait pu conduire plus tard à une anecdote qui aurait été de savoir, si ils étaient sortis sains et saufs de la fameuse guerre dite des 18 jours.

Le moment n'était pas propice aux palabres vu la situation, des tirs se faisant entendre dans le lointain, et le devoir les attendait.

De retour au village nous dépassont un important  groupe de séminaires qui  marchait en rang serrés .

Des soldats français qui étaient venus en renfort dans notre région ont posté une mitrailleuse au milieu de la route prête à tirer. Je leur ai demandé la prudence vu que je savais que ce n'était pas des Allemands déguisés, alors qu'ils arrivaient à notre hauteur nous leurs avons donné un drap blanc pour qu'ils puissent poursuivre leur chemin en toute sécurité.............>>

 

Steve c'est l'exode vers la France , comment cela s'est il fait ?

 

<<........................ Dès notre retour à la maison nous chargeons la voiture de tout le ravitaillement nécéssaire pour le grand départ .

Mon père, ma mère et ma soeur partent à vélo, la cousine, le vieil oncle, mon frère et moi partons dans l'opel capitaine. l'aîné gagnait lui aussi la france au départ de Liege . A partir de ce jour nous étions une famille divisée pour une période d'au moins trois mois sans la moindre nouvelle les uns des autres .

Arrivés en France,nous apprenions que l'armée belge mobilisait les jeunes à partir de 17 ans et qu'il fallait se présenter aux bureaux de recrutements répartis dans les villes françaises.

Nous nous sommes présentés mon frère et moi au bureau de recrutement dénommé CRAB (centre de recrutement de l'armée belge ) ce qui me permettra plus tard d'obtenir  ma premiere décoration je n'ai jamais compris le pourquoi si ce n'est une sorte de monnaie du patriotisme  

Trois mois se passent, c'est le retour au village , où nous retrouvions ceux qui étaient restés et combiens d'autres qui étaient toujours disséminés  aux quatres coins de la France. C'était le cas de mes parents, de ma soeur, de mon frère aîné qui sont revenus bien plus tard. Fort heureusement nous nous sommes retrouvés tous réunis..........>>

 

Quel fut votre principale activité ?

 

<<............De retour au village, où nos maisons ont été pillées nous avons procédés à la remise en état des lieux ce qui nous a déjà occupé pas mal de temps .

Par la suite je suis engagé à l'office du ravitaillement et recensement des récoltes, du cheptel, vaches, cochons, couvées . Il fallait en effet que personne ne manque de rien, pour certains ce sera la débrouille et le commerce au noir , nous c'etaient les timbres de ravitaillement.

Ma tâche devenait de plus en plus difficile , les requisitions allemandes pour la paille, le foin, le beurre, et les oeufs , les vélos et même parfois chariots et chevaux  quand un des leurs était fourbu . Pendant trois ans j'ai fait au mieux pour satisfaire les allemands afin d'eviter d'eventuelles représailles pour la population . Dans d'autres communes il en fut autrement, actes insensés et très souvent inutiles tel que la déportation pour le travail obligatoire en Allemagne.

Ma fonction m'évitait d'être recruté pour la Werbestelle (bureau de recrutement du travail obligatoire ) .

Même si les cultivateurs me considéraient comme collabo, je pouvais les comprendre car ils allaient comprendre plus tard que j'avais exercé une fonction qui mettait la population en sécurité.

Pendant cette période, j'en profitait pour perfectionner mon allemand  et  mon anglais avec l'épouse du bourgmestre qui habitait pas loin de chez moi. Mme Besseling  avait vécu quatre ans à Washington où son frère était consul du Grand-Duché, elle même originaire du grand duché parlait aussi bien l'allemand que l'anglais . j'allais souvent chez elle la soirée et nous discutions ensemble aussi bien en anglais qu'en allemand, tandis que son époux s'amusait a faire des réussites en fumant la pipe. 

Dans le bureau du secrétaire communal , je prélevais des cartes d'identité pour la résistance , on me donnait des photos que je collais et oblitérais avec un cachet autre que celui du secrétaire pour ne pas le compromettre en cas de probléme.  J'etais au service de la population tout en oeuvrant pour la résistance, c'était ma facon à moi de faire de la résistance passive .

Titre que je n'ai jamais revendiqué , vu que j'allais quitter le village pendant trois ans .

Avec le recul je survole toutes ces années d'occupation avec un sentiment de fierté.........>>.

 

 

Merci Steve...........................................

 

 

 

 

Fin de la 1er partie...........................à suivre

 

 

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